Kubilai Khan investigations
4 Song - création 2009
«Ce projet est né au Japon, pour être plus précis l’été 2009 sur les flancs d’une montagne à Kyoto. La chaleur de l‘été, l’intensité des ciels et le bruissement permanent des sous-bois ont entouré son développement. J’ai fait la rencontre de Romain Kronenberg, artiste visuel et musicien pendant une résidence d’artistes à la villa Kujoyama. Nous nous sommes retrouvés plusieurs soirées sur la grande terrasse de cette villa que côtoyait le plein ciel et qui plongeait vers la ville, à partager des moments . Un jour, nous avons décidé de faire un projet ensemble, avec ce Japon autour de nous, les obsessions et les lignes de nos travaux respectifs, l‘idée qu’aucune substance n’est parfaitement stable et que le jour et la nuit ont une courbe commune. Une première version de ce projet existe pour des espaces non-scéniques (maison, galerie, musée...). Nous avons voulu prolonger et mettre à l’épreuve des moyens d’une scène le dispositif de 4 Song et proposons une version théâtre. 4 Song suit le déplacement, l’écoulement des matières de temps comme des pulsations, des ondes, des particules mélangées de sons, de corps, de lumières et d’images. Nous renforçons ces sensations de passage, de traversée du temps par l’insistance et les effacements de certains motifs (la mer, le ciel, les courants et les vents). Retraits, transmissions, disparitions, suspensions, traces qui détectent les présences les plus discrètes. Nous avons regardé ce qui s’éloigne, ce qui s’approche de nous, à quelle vitesse cela se déplace ? Quelle prise ou quel vide autour de nous ? Quelle détente, quelle tension nous accompagne ? Nous avons essayé d’être au milieu des choses, dans le présent de ces écoutes, à l’air libre. Le corps plongé dans le sens d’une trajectoire est un agent de liaison, un langage de liaison et d’écart, il est parcouru de distances, dans l‘étendue du monde et dans les micro-phénomènes. La musique, jouée sur le plateau, entre immersion, accumulation et modulations soutient la respiration de l’espace, sa vibration. 4 Song, 2 hommes, 1 guitare, et le flux des images en mouvement.»
Frank Micheletti
La musique et la vidéo
La musique est interprétée live à la guitare électrique que des effets électroniques déplacent des sonorités rock vers la matière sonore que je peux ainsi sculpter ; j’ai réalisé un travail minutieux autour de l’équilibre entre le dissonant et le consonant, entre l’harmonieux et l’inharmonique. Chaque accord joué est donc en suspension entre les deux, en particulier grâce au travail sur les battements ; deux hauteurs de notes très proches l’une de l’autre font apparaître dans certaines conditions un troisième son, phénomène acoustique appelé battement ou oscillation de l’amplitude. C’est le jeu d’apparition et de disparition de ces battements qui trouble les équilibres harmoniques, et qui créé la sensation de mouvement et de déplacement que la musique dégage.
Ces battements qui animent les nappes que je crée avec la guitare électrique transformée par l’électronique, ces sonorités oscillant entre pureté et chaos, je fais répondre des images où le mouvement est également perceptible, souvent de manière constante. Grâce à des jeux de vitesse de lecture de la bande vidéo et grâce à divers outils informatiques, j’accorde des temporalités généralement perçues de façon différentes : les vagues de la mer se déplacent au rythme de tels nuages dans le ciel, la matière que constitue ces roseaux au milieu du désert est proche de la chaleur estivale qu’on voit sortir de sous terre.
Sons et images s’accordent dans leur traitement, par une énergie constante que des variations légères (analogiques et numériques) animent.
Romain Kronenberg
Distribution : Conception/Danseur - Frank Micheletti/Création vidéo et musique : Romain Kronenberg
 
Calendrier
20/11/2011 Musée de la photographie, Toulon
27/5/2010 Institut français de Madrid, Espagne